THE RED LINE * LA DERNIERE INTERVIEW DE GEORGE MICHAEL * 4 *
Publié le 14 Décembre 2017
KY – le 30 Octobre 1992 George Michael a intenté une action contre Sony Music Entertainment argumentant que son contrat constituait une restriction commerciale déraisonnable. Au cours de l’audience, George décrira publiquement sa situation comme de l’esclavage professionnel, lui laissant peu de contrôle sur sa carrière. Cette affaire judiciaire lancera le débat sur le concept de la liberté artistique, l’argent et l’ego.
Le 1er juin 1994, George perdit son procès au tribunal, voyant toutes ses demandes rejetées.
J’ai demandé à George de me parler de cette réunion, à l’origine du conflit.
GM – Ce qu’ils semblent tous oublier, et qui est un point primordial pour moi, c’est qu’il y eu des dirigeants qui sont venus à Londres en 1989, nous leur avons fait écouter le disque, puis nous sommes tous allés prendre un bon déjeuner à l’ issue duquel je leur ai dit « indépendamment de ce que vous pensez de l’album lui-même, je ne le promotionnerai pas. Je leur ai expliqué que Faith m’avait amené au bord de la folie, que je voulais être un acteur à long terme de ce métier et que pour le moment je n’apparaitrais pas dans mes vidéos. »
N’importe quel PDG aurait pensé logiquement, ok on va le faire, on va le sortir du système car il n’y aura aucun moyen qu’il vende le genre de disques sans vidéos que Faith a vendu et il reviendra, c’est un super album, nous vendrons quand même beaucoup d’exemplaires, nous attendrons qu’il revienne, qu’il murisse un peu et tout ira bien, c’est ce que moi j’aurai pensé en tant que PDG.
Il est évidemment sous pression, ils ne savaient pas quelles pressions mais je pense que j’aurais accordé un peu de respect à quelqu’un qui leur avait donné FAITH. Un peu de respect et un peu de temps pour remettre de l’ordre dans ma vie. Cela n’aurait été qu’une paire d’années et puis nous aurions signé un papier pour la suite et l’équipe américaine, de retour chez eux et contre toute attente, ils ont dit que l’album c’était de la merde, que je ne le promotionnerai pas, laissons le faire et c’est ce qui est ressorti dans leur attitude mais personne ne semble s’en rappeler. Ok j’ai été altruiste, j’ai été en colère mais j’étais aussi en colère car ils m’avaient menti. Ils m’avaient dit qu’ils étaient d’accord et je dois dire que j’ai été impressionné par le reste du monde. Les autres ont fait un super travail et nous avons vendus beaucoup d’albums, en sachant que la seule véritable vidéo était Freedom, vous savez la vidéo avec les tops models
Mais en ce qui concerne les Américains, j’étais trop naïf, je pensais que si je leur disais la vérité, si j’étais transparent avec eux, cela porterait ses fruits et ils seraient patients avec moi mais ils se sont moqués de moi.
KY – Je suis heureuse que tu utilises le mot « naïf » parce que je pense que les gens écouteraient cela et penseraient que des PDG de gros labels traitent très mal les artistes mais c’est leur façon de faire n’est-ce pas ?
GM – Quelque chose qui me rend triste c’est que 20 ans après, les artistes sont dans une position encore pire. Robbie Wiliams est passé après moi, 10 ans plus tard et a dit « je suis plus riche que dans mes rêves les plus fous ». je suis désolé mais faites quelque chose pour ces 80 millions de livres sterling qui ont été littéralement volé à ceux qui ont signé de nouveaux contrats après sans équité.
Ces contrats s’appellent des « 360 » et ils disent que peu importe ce qu’investit la maison de disques dans le projet, l’artiste n’est pas payé tant que le moindre penny investi n’est pas récupéré, pas seulement par les ventes de disques, partiellement avec les ventes de disques, principalement avec les prestations live et le merchandising.
Donc quand vous signez un contrat d’enregistrement, ils ne prennent pas seulement sur les disques mais aussi sur les tournées et le merchandising
Les artistes commencent maintenant à faire leurs propres affaires, s’ils sont chanceux, ils font des contrats par rapport au streaming car le public ne veut plus payer pour des disques. Alors les jeunes groupes doivent se produire en live, ils doivent se constituer un public, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Ils doivent être assez bon pour trouver leur audience et si ils sont chanceux, ils peuvent signer des contrats de streaming indépendants, qui peuvent leur rapporter de l’argent mais les artistes payés pour leurs enregistrements c’est fini.
KY – La première partie de ma conversation avec George Michael a couvert seulement les 13 premières années de sa carrière, dans ces 13 courtes années, il a obtenu une célébrité mondiale, un statut de superstar et l’adulation de millions de personnes. Il a accepté sa sexualité, en privé, tout en devant composer avec le chagrin de perdre son premier amour Anselmo, une tentative ratée de lutter contre ce qu’il considérait comme des contrats d’enregistrement draconiens.
Même si sa vie et sa carrière ont été largement documentés, j’ai été impressionné par son honnêteté et l’opportunité qu’il a saisi pour réfléchir sur son passé.
Il était évident qu’il ressent toujours de la colère et de la frustration sur la perte du procès mais cette colère semblait provenir véritablement d’une volonté altruiste de vouloir rendre plus équitables les contrats pour les autres artistes.
Comme je l’ai découvert lors d’une pause dans notre interview, il a toujours sur garder son sens de l’humour unique.
FIN DE LA PREMIERE PARTIE DE LA DIFFUSION AUDIO