THE RED LINE * LA DERNIERE INTERVIEW DE GEORGE MICHAEL * 5 *
Publié le 20 Décembre 2017
KY -J'ai commencé la deuxième partie de notre conversation en lui demandant s'il y avait subi une pression pour garder secrète sa sexualité.
GM - Je vous promets, de personne. Ceci est une théorie et c'est vrai dans la plupart des cas. Quand j'avais 19 ans, s'ils m'avaient dit de ne pas révéler mon homosexualité et que je voulais le faire, je leur aurais dit d’aller se faire foutre.
KY - Ok
GM –Tu vois ce que je veux dire ?
KY - OK c’était alors une affaire personnelle.
GM - Cela a toujours été une décision personnelle, je suis resté dans le placard aussi longtemps que j'en étais capable. Pendant la période du Sida, pour protéger ma famille et je le ferais à nouveau, je les ferais passer avant moi, encore une fois, bêtement peut-être, mais j'aimais assez ma famille pour les protéger de la peur du Sida.
Ce qui me rend enragé maintenant, ayant de nombreux amis qui sont séropositifs et qui ont perdu un partenaire du VIH, c’est que les hétérosexuels pensent toujours que c’est une maladie mortelle.
Si vous vivez dans le monde occidental et que vous avez la chance de vivre dans un pays qui a un système de santé ou même, vous savez que les Clinton ont sauvé des millions de vies en Afrique avec des médicaments. Nous n'avons pas de vaccin, mais les gens ne meurent plus du VIH dans le monde occidental et le fait que certaines personnes hétérosexuelles ne le savent pas, cela me rend furieux parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de personnes hétérosexuelles qui sont porteurs du VIH et elles vivent avec la stigmatisation de cela tous les jours.
Je soutiens quelques associations caritatives pour les hétérosexuels porteurs du VIH et je me souviens de la terreur que quelqu’un puisse découvrir que mon partenaire était séropositif, cette terreur a disparu dans la communauté gay et grâce au Christ, elle est partie, cela signifie que certains d'entre eux sont irresponsables, je suppose, mais mon Dieu je préfère cela à la peur que ma génération d’homosexuels a traversée.
Il est temps que les gens de tous horizons comprennent que ce n'est plus une maladie mortelle, les personnes prennent un certain nombre de pilules, parfois seulement une pilule par jour et ils n’ont plus à s’en préoccuper pour le reste de leur vie, et je préférerais prendre une pilule plutôt que de me piquer moi-même tous les jours contre le diabète. C'est un si petit prix à payer et c'est une énorme stigmatisation parmi les hétérosexuels, je trouve ça dégoûtant que les médias ne s'en soient pas occupés comme quelque chose qui a été traité par la communauté médicale. Cela me rend fou, ces pauvres hétérosexuels qui sont encore totalement stigmatisés et terrifiés à l’idée que quelqu’un puisse le découvrir. Pourquoi ils devraient être dans cette position ? Pourquoi le public ne serait pas plus informé ? C'est quelque chose sur laquelle j’aimerai apporter mon aide.
KY - George était un militant actif des droits des LGBT (Lesbiennes, homosexuels, bisexuels, transgenres) et de la collecte de fonds pour la lutte contre le VIH et le SIDA, donnant des millions à de nombreuses organisations caritatives. Le 20 avril 1992, il participa à l'une des collectes de fonds les plus publiques jamais vues au Royaume-Uni sur la lutte contre le Sida : le concert de Freddie Mercury au stade de Wembley. Il fut organisé pour célébrer la vie de l'homme flamboyant, avant-gardiste, du groupe Queen, décédé du Sida cinq mois plus tôt.
Malheureusement, l'impact du VIH avait frappé George très personnellement quand il est apparu que son partenaire, Anselmo, avait contracté le virus, alors mortel.
George était déterminé à faire de sa performance à la fois l'hommage parfait à Freddie, mais aussi une prière pour Anselmo.
KY - Je regardais les images d'archives te concernant, c'était vraiment déchirant pour moi, ne connaissant pas le contexte dans lequel tu te trouvais lors de l'hommage à Freddie Mercury. Quand tu étais tout en haut et je veux dire, mon Dieu, à l'époque, tu chantais clairement avec ton cœur, mais c'était quelque chose que nous avions l'habitude de constater en voyant George Michael, pour alors ensuite en prendre connaissance seulement maintenant…
Peux tu juste me dire comment tu as réussi à gérer pour arriver sur cette scène et chanter cette chanson ce jour-là ?
GM - Je ne pense pas que j'en étais conscient, même si je pense qu’inconsciemment j'étais conscient puisque consciemment je voulais juste la perfection, ce que je veux toujours en live, parce que je suis très, très prudent sur les performances, il doit y avoir une bonne raison pour que tu n’aies pas la possibilité de faire l’imbécile avec quelque chose de la sorte. Mon subconscient savait que chanter une chanson de Freddie Mercury après son décès, devant mon amoureux, mon subconscient savait que c'était, très probablement, la plus importante performance de ma vie parce que je prenais en considération toutes ces années debout dans une chambre, que ce soit avec un micro, je ne pense pas que j'avais une brosse à cheveux, mais je chantais devant le miroir toutes ces chansons de Queen et je les connaissais par cœur, je connaissais les harmonies, je savais tout sur elles et cet enfant allait exprimer toute cette connaissance, tout ce subconscient qui «ingurgite» de la musique de ce groupe et chante l'une des chansons de Freddie Mercury au monde entier.

Donc je suis allé répéter pendant cinq jours. Tous les autres sont venus seulement un après-midi. J’y suis allé pendant cinq jours, car cela devait être parfait et je pense que c'est probablement ma performance la plus célèbre. Anselmo était là et je mourais littéralement à l’intérieur de mon être, je suis allé dans un autre endroit, je suis allé ailleurs, c'était la plus forte prière de ma vie et ce n'est pas un hasard, ce n'est pas un hasard quei cette performance soit la plus connue de ma carrière, elle a été chantée à mon amoureux qui était en train de mourir et, espérons-le, cela ne se reproduira plus jamais.
Le fait que cela soit arrivé ainsi, je veux dire mon Dieu, quel destin, quel destin.
KY - 1993 a été une année incroyablement difficile pour George, à la fois professionnellement et personnellement, il a été impliqué dans une bataille amère avec sa maison de disques Sony Music, tout en s’occupant de son partenaire Anselmo, dont la santé se détériorait rapidement. Tragiquement, en mars 1993, Anselmo meurt d'une maladie liée au Sida. Naturellement, cela a dévasté George. Cela a également déclenché un blocage créatif qui a étouffé sa capacité à écrire de la nouvelle musique pendant près de deux ans.