Je vous l'avais promis et je pense que c'est le moment parfait pour la publication de la traduction intégrale de la derniére interview de George Michael.
Tout d'abord je dois adresser un immense MERCI à Collette O'connor qui a fait pour le Blog la transcription en anglais de ces deux heures d'audio diffusées sur Radio BBC2 en Novembre : un énorme travail !
Rappelez vous : Collette est à l'origine d'une très belle action caritative en hommage à George Michael que j'avais beaucoup soutenu sur Twitter
http://www.george-michael-news.com/2017/07/george-le-chiot-futur-guide-d-aveugles.html
Il ne me restait "plus" qu'à en faire la traduction ... petit à petit j'en suis venue à bout, également avec l'aide de Carone que je remercie aussi.
Je la publierai au fil du mois, en plusieurs parties.
Même si les sujets ne sont pas nouveaux, vous verrez que George les aborde de façon plus intime et plus réfléchie. Comme s'il avait fait le bilan de sa vie et beaucoup analysé tout ce qui lui est arrivé professionnellement et personnellement.
Introduction par Kirty Young
C’était un artiste téméraire, il avait une voix comme nulle autre, sa capacité à écrire, produire et jouer de l’excellente musique était inégalée et il devint un des artistes vendant le plus de disques dans le monde, gagnant son statut de légende.
Ceci est la dernière interview de George Michael.
GM – Je n’avais pas conscience de l’immense succès qui m’attendait.
KY – Il se rappelle en toute franchise de sa vie faite de succès fous et d’adulation.
GM – Je jouissais réellement de mon ego à ce moment de ma vie
KY – Tout au long de ses peines et des tragédies qui ont inspiré ses plus belles créations
GM – J’ai pensé que tout cela ne pouvait pas être mauvais, je dois faire quelque chose de bien dans ma vie et c’est ce que j’ai essayé de faire.
KY – Juste avant Noël 2016, on m’a demandé d’interviewer George Michael. Nous nous sommes rencontrés chez lui et j’ai été tout de suite étonnée de son aisance à parler.
GM – Ils t’ont donné un meilleur vin qu’à moi
KY – Pourquoi ? le tien n’est pas bon ?
KY – Même si nous avions l’intention de couvrir des périodes spécifiques de sa vie et de son travail, la conversation a duré deux heures et très naturellement est devenue une plus grande discussion.
GM – Je l’aime bon marché, italien et léger
KY – Je ne refuse pas un peu de bon marché, italien et léger.
KY – Même si il n’avait pas été prévu de diffuser à la radio l’entière conversation, quelques semaines après sa mort, cela semblait quelque chose à envisager. En fait, quand nous nous sommes séparés ce jour-là, George m’a dit « tu devrais faire une émission radio de tout cela » … Et voilà, vous allez entendre ce qui s’est dit, pratiquement en intégralité, avec beaucoup d’apartés personnels. De ce fait, il y a quelques mots grossiers au début.
Interview
KY – J’ai visionné le film qui allait devenir FREEDOM avant que nous parlions et une phase en particulier est ressortie « je pense sincèrement qu’il y a quelque chose de très bizarre pour les personnes dans ma situation » Je me suis demandée si George voulait dire qu’être dans cette situation vous rendait bizarre ou si les personnes devaient nécessairement être bizarres pour être dans cette situation.
GM – Je pense que les personnes qui recherchent la gloire, peu importe la manière, qu’il s’agisse de la mienne ou pas, en tournant autour du pot ou directement : je pense qu’il y a un besoin désespéré, pour presque tous ceux d’entre nous qui ont un talent, qui ont extrêmement de succès. Si l’on creuse suffisamment pour trouver la raison c’est que nous sommes tous un peu étranges.
Tu sais, si je n’étais pas étrange, je ne serai pas George Michael ou si Madonna n’était pas étrange ou si Michael Jackson, paix à son âme, n’étaient pas bizarres, nous ne serions pas là où nous sommes, dans les positions que nous avons atteintes.
Je pense définitivement que ce sont les personnes qui sont étranges, pas la célébrité.
KY – George a connu la gloire au tendre âge de 19 ans, s’associant avec son ami d’enfance, Andrew Ridgeley, en formant Wham!, un phénomène pop, qui devint international au début des années 80 vendant plus de 28 millions de disques.
KY – Je t’ai entendu de nombreuses fois parler de tout cela, de façon incroyablement honnête, disant que c’était totalement prévu, dès ton plus jeune âge d’être très très célèbre mais je me demande si tu savais que peu importe la mauvaise qualité de ces premiers enregistrements dans ta chambre, tu savais que tu voulais partager cette chose, que tu avais la voix et les capacités pour écrire ou cela venait-il de quelque chose de plus opaque ?
GM – J’étais convaincu que j’avais beaucoup de choses à donner, même si je ne savais pas ce que c’était. Andrew m’a encouragé dans cette idée de la célébrité et Andrew.. si Andrew avait pu jouer au football, il aurait été footballeur et à notre époque, il aurait joué, pas à l’époque où nous commencions à avoir du succès mais un footballeur de nos jours est une option beaucoup plus attirante pour beaucoup de garçons qu’une pop star mais j’avais la certitude que mon destin était dans la musique et que ce ne serait pas en toute discrétion.
KY – Faire cela ensemble, avec Andrew, cela fait écho en moi mais peut être en parlerons nous plus tard, mais n’y avait-il pas une sorte de joie basique à être dans ce tourbillon de folie parce que vous saviez tous les deux qui vous étiez avant ?
GM – Absolument, quelle aventure extraordinaire pour deux gamins de 18 ans, ou deux jeunes hommes de 23 ans ou peu importe, quel fantastique parcours. Tu sais, on dit que les jeunes gaspillent leur jeunesse, mon Dieu, je n’avais aucune idée des moments extraordinaires que nous vivions, je travaillais si dur et que je regardais toujours en avant, mais Wham! était une joie absolue. C’était aussi joyeux que ce que ça sonnait, tu sais vraiment aussi joyeux.
KY – Donc, à 20 ans, être l’arrangeur, le producteur et le leader, est ce que tout cela paraissait totalement possible, totalement supportable, ou bien y avait-il des moments où tu t’ isolais pour penser « Mon Dieu, je ne sais pas si je peux le faire ? «
GM – Wham ! ne m’a jamais dépassé, probablement grâce à Andrew et c’est la chose la plus difficile à expliquer. C’est comme si il y avait toujours eu ce fil rouge, c’est comme cela que je le vois, un fil rouge qui traverse tout, comme un escalier vers ce qui arrive ensuite. Je l’ai ressenti lors du concert « The Final », j’avais déjà un pied dans ma carrière solo pendant le dernier concert de Wham !
Je le ressentais, comme quand j’étais enfant, c’était le destin. Je n’étais pas conscient de l’ampleur que cela allait prendre et ensuite avec Faith, j’ai été submergé parce que j’étais seul, et j’étais seul, moi et mon fil rouge nous étions très seuls.
KY – « Sous prétexte que « « fais attention à tes désirs » parlons de cela, le niveau suivant, comme tu l’as décrit précédemment, Madonna, Michael Jackson, Prince, George Michael, cela faisait beaucoup : sur tous les écrans pour ceux qui écoutaient de la musique et regardaient MTV à ce moment-là. Le chemin qui t’a propulsé là, en grosse partie dû à ton talent et aussi grâce à cette volonté en toi qui t’a poussé, tu as dit « je ne pouvais pas suffisamment contrôler mon ego pour m’empêcher d’être le plus grand artiste au monde » mais étais tu inquiet pour ton ego, et sur les conséquences à venir ?
GM – J’appréciais mon ego, je l’appréciais vraiment à ce moment de ma vie. Je crois que si vous avez 24 ans et que vous faites les plus grosses ventes de l’année, vous appréciez vraiment et beaucoup. Avoir réussi ce que je m’étais fixé, être au même niveau que les personnes que je visais mais j’étais terriblement seul.
J’étais terriblement, terriblement seul non seulement parce que j’avais révélé mon homosexualité à mes meilleurs amis et pratiquement à toutes les personnes que j’aimais, à part ma famille et j’étais toujours désespérément seul. L’adulation liée à cet énorme album, contrastait immensément avec cette sombre solitude, aller me coucher seul, chaque soir, encore et encore, en particulier pendant la tournée.
Crois-moi , ce n’était pas « rock and roll » pendant cette tournée, je prenais soin de mes cordes vocales et j’étais au lit à 23h30 chaque soir. C’était juste une horrible expérience et le seul bon moment de la journée c’était d’être sur scène.
KY – Il y a dû y avoir des opportunités pour le « Rock and Roll » et Dieu sait que tu étais la plus grande star au monde, tu avais produit cet album parfait qui devait aller au-delà de tes rêves les plus fous. C’était comme une gifle en pleine figure, tu n’aurais pas dû être seul. Avais-tu choisi de placer ton instrument, tes cordes vocales au-dessus de tout ou n’étais-tu pas prêt d’y aller émotionnellement ?
GM – Je n’étais pas prêt à révéler mon homosexualité, pas prêt, c’était pendant l’ère du Sida et la seule crainte que j’avais pour ne pas le faire, c’était ma famille.
Je viens d’une famille très soudée, ma mère étant là, paix à son âme, elle aurait tout de suite eu les mêmes paranoïas que j’ai eu en tant que gay , le Sida dans le milieu des années 80, c’était une sale période, en particulier pour la communauté gay.
Alors pour le bien être de ma mère et pour celui de mes sœurs, je n’ai pas voulu qu’elle voit ma vie comme un danger permanent, tu vois, et pour parler honnêtement, je suis persuadé que quelque chose, quelqu’un, une entité n’était pas prêt à me laisser vivre une vie épanouie. Je devais encore plus de disques, je devais trouver la prochaine étape dans mes créations. C’était presque comme si c’était un choix, trouver ma place dans la vie avec un partenaire, un amant ou juste continuer cette route vers la prochaine réussite et j’ai choisi, finalement, le premier.
KY – Mais à ce moment, comme tu me l’as expliqué, il y avait comme une pureté monastique à cela. Mon chemin sera celui-là, je ne m’en détournerai pas, c’est comme ça et ce sera seul.
GM – Sur un plan émotionnel, c’était un choix entre l’un et l’autre. J’avais le sentiment que je ne pouvais pas avoir les deux. Je pensais que je ne pouvais pas
révéler mon homosexualité et vivre une vie épanouie en tant que gay et en même temps conserver mon dévouement à ce que je faisais.
A SUIVRE ...